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Chronique: Condamnation

mai 30, 2024 Demonslayer Arc

Illustration par Stefan Kopinski

Alors qu'il était amené devant le juge, l’accusé pouvait apercevoir les témoignages des jugements déjà rendus par la cour. Les murs de pierre de la salle étaient ornés de parchemins, chacun portant les noms des âmes condamnées à l'exil avant lui. Leurs crimes et leurs sentences étaient inscrits en lettres noires, des traces indélébiles de la justice implacable qui régnait en ce lieu. À chaque pas, le cliquetis des chaînes résonnait dans un silence épais, et les regards lourds de l'assemblée se posaient sur lui, chargés d'une attente mêlée de crainte et de curiosité morbide. Pourtant, loin de fléchir, il affronta le juge avec détermination, son regard défiant embrassant les vestiges des âmes exilées qui l'avaient précédé.

Dans l'ombre de la grande salle du tribunal, où les piliers de pierre s'élevaient comme des sentinelles muettes, une foule dense se pressait, murmurant à peine, suspendue aux lèvres du juge qui s'apprêtait à prononcer sa sentence. L'accusé se tenait au centre de la pièce, ses poignets enchaînés, son regard sombre et rempli de défi. L'orgueil brûlait dans ses yeux, et malgré les lourdes accusations portées contre lui, il ne montrait aucun signe de repentir ou de peur.

Le juge, un homme austère et imposant, vêtu de robes brodées de l’Épée de Vérité, se leva de son siège. Il scruta la salle d'un œil sévère, imposant le silence avec une autorité indiscutable. Le murmure de la foule s'éteignit, laissant place à une attente palpable. Chaque souffle semblait retenu, chaque mouvement suspendu dans l'air lourd de tension et d'attente.

Le juge commença d'une voix grave et résonnante « Vous vous tenez devant cette cour sacrée de la loi divine, accusé de péchés graves et de transgressions odieuses contre le Saint-Empire, contre les lois de l’Église et le bon peuple de ce royaume. » Les mots s'échappaient de ses lèvres comme des coups de marteau, chacun frappant avec une force indéniable.

Le juge poursuivit, énumérant les charges avec une précision glaçante. « Premièrement, vous êtes accusé de sept chefs d'accusation de Colère Mortelle, ayant commis le plus odieux des actes de meurtre contre des membres du clergé, saints serviteurs de notre Seigneur. » Les visages dans la foule se tendirent, certains fermèrent les yeux, murmurant des prières pour les âmes des défunts.

« Deuxièmement, » continua le juge sans relâche, « vous faites face à trois chefs d'accusation de Colère Mercantile, dans lesquels vous avez été engagé pour tuer des frères et soeurs de l’Ordre de la Providence, protecteurs du royaume et défenseurs des fidèles. » Un frisson parcourut l'assemblée, comme une vague de choc et de dégoût.

« Enfin, » conclut-il, sa voix prenant une teinte encore plus solennelle, « vous êtes accusé de dix-huit chefs d'accusation de Vanité Diffamatoire. Vous avez incité le public à un comportement émeutier, répandant des mensonges et semant la discorde parmi le peuple, les détournant du chemin de la droiture et de l'ordre. »

Chaque accusation semblait peser plus lourdement sur les épaules de l’accusé, mais loin de se sentir accablé, il redressa la tête, un sourire arrogant sur les lèvres. Son regard défiait non seulement le juge, mais aussi l'assemblée tout entière. Les murmures de la foule s'intensifièrent, les visages trahissant à la fois l'horreur et la fascination devant tant d'insolence.

Enfin, le juge prononça la sentence. « À la lumière de vos nombreuses et graves offenses, et après mûre délibération, il est le jugement de cette cour que vous serez exilé de cette terre. Vous irez vivre le reste de vos jours dans la Première Colonie Pénale du Saint-Empire d’Aslande, au-delà des frontières des terres, où nous espérons ardemment que vous viendrez à voir l'erreur de vos voies. Que cet exil serve de temps de réflexion, de repentance et de pénitence pour vos péchés graves. »

Le silence qui suivit ces mots était presque palpable, un moment suspendu où chacun retenait son souffle, absorbant la gravité de la décision. « Prenez garde, » ajouta le juge, « car la miséricorde du Seigneur est infinie pour ceux qui se repentent véritablement. Cherchez Son pardon, car c'est seulement par une contrition sincère que vous pourrez trouver la rédemption pour votre âme. Allez maintenant, et que le Seigneur ait pitié de vous. »

Les gardes s'avancèrent pour le saisir. La foule se dispersa lentement, chacun emportant avec lui le souvenir de ce jugement solennel. Le murmure de l'assemblée continuait de résonner longtemps après que l’accusé eut été conduit hors de la salle.

Ce soir, le bateau qui l’amènera à destination partira. Le Diapason lui sera administré, le marquant à jamais comme un exilé, et, à l’aube, sa nouvelle vie dans les terres désolées de l’Ancienne-Cérule débutera.

Chronique: Notes de bas de page

novembre 24, 2022 Demonslayer Arc

Illustration par mingrutu

An de Grâce 1226, c’est aux dernières lueurs du jour que le conclave s’est terminé. Les cardinaux dissidents s’étant ralliés, le signal fut donné, le premier Saint-Empereur avait été couronné. Saint Empereur Nobastus Premier annonça son premier décret, succinct mais profond: Aslande redeviendrait une terre de Dieu.

Les armées de l’église étaient prêtes depuis longtemps, n’attendant que le divin présage de la montée d’un monarque digne de régner sur la terre des hommes. À son commandement elles déferlèrent sur les apostats, les infidèles et les traîtres, leur offrant un ultimatum : rejoignez le prophète du Seigneur en ces terres, ou placez votre foi en Dieu le Créateur et qu’il vous reconnaîtra comme l’un des siens.

L'Infidèle Intendant déposé, ses généraux convertis, les terres d’Aslande purent connaître une renaissance dans la lumière de Dieu, où les ouailles avant oubliés pouvaient une fois de plus entendre Sa parole. Le Saint Empereur Nobastus Premier avait cependant tout un troupeau de brebis à guider, certaines plus égarées que d’autres…

L’Infidèle Cérule, artisan des malheurs du précédent âge, refusa d’entendre la Parole et de suivre le Saint Empereur, se soulevant et prenant les armes. Des décennies de décadence et de querelles avaient cependant rendu les armées désarticulées de l’Infidèle Cérule oisives et incompétentes, et elles ne furent qu’un obstacle au Message du Seigneur.

Il ne fallut qu’un an de glorieuse campagne pour que l’Infidèle Duchesse Constance Ven Vaugrenard ne soit défaite et son trône de Château-Cérule décrété impur et à déserter, le château serait le tombeau de la traîtresse. Sans leur chef, les familles de Cérule tombèrent les unes après les autres, accueillies au sein des ouailles du Saint Empereur, ou condamnées au même sort que les armées qu’elles avaient ordonnées.

Stabiliser l’Empire fut l’oeuvre de la vie du Saint Empereur Nobastus Premier, purifiant l’Infidèle Cérule et amadouant l’État de Valgaard, les gardant à leur place au service du Seigneur. C’est cependant en l’An de Grâce 1240 qu’il rejoint Dieu le Créateur, rappelé pour commander les armées célestes, remplacé par le Saint Empereur Ferranctus Premier, nominé par le conclave.

Là où le Saint Empereur Nobastus Premier était un conquérant, Saint Empereur Ferranctus Premier était le bâtisseur, déterminé à faire de son Empire le plus grand ayant vécu sur la Terre des Hommes. Les Infidèles et Apostats cependant minaient ses efforts. Inspiré de son prédécesseur, il émit un décret succinct mais grandiose:

“L’Infidèle Cérule n’est plus, dorénavant ce sera une enclave, et tous pourront être condamnés à l’exil.”

S’ensuit l’oeuvre de sa vie, étendant les fermes et terres, subdivisant Aslande pour accueillir les fidèles vivant encore dans la nouvelle Enclave présentés avec une date butoir. Les magistrats pendant ce temps révisèrent les codes pénaux, faisant de l’Exil l’arme de l’Empereur pour déraciner les Infidèles de ses rangs.

En l’an de grâce 1265, Saint Empereur Ferranctus Premier rejoint notre fondateur, remplacé par le Saint Empereur Nobastus Second. Doté d’un empire établi et stable, il se tourne vers l’avenir et la conquête de l’inconnu, envoyant des flottes à la découverte d’une autre brebis à ramener au sein du troupeau.

L’oeuvre mise en place par le Saint Empereur Ferranctus Premier bat son plein à la frontière de l’Enclave des Exilés. Cet humble scribe revient du poste frontalier admettant les Exilés pour leur sentence, une générosité comparée à la peine de mort. C’est sur place qu’on leur donne la fiole contenant le Diapason des Exilés, et qu’une fois ingérée, la clochette portée par les gardes débute son juste tintamarre. Le Carillon des Exilés cesse de sonner une fois les exilés escortés de l’autre côté de la muraille, les condamnés disparaissant dans les bois avec un baluchon, quelques rations et quelques effets personnels, laissés pour permettre la réflexion sur leurs actes.

Nous sommes en l’an de grâce 1280, les infidèles ne sont plus qu’une note de bas de page et le Saint-Empire Aslandais ne fait qu’inexorablement avancer vers son âge d’or.

Chronique: La dernière valse

avril 5, 2022 Demonslayer Arc

Illustration par Rodrigo Galdino

Lorsque l’inquisiteur Valence Delacroix est enfin vaincu par ses mages aux côtés des membres vaillants de la Caravane, la Sibylle émerge de ses rangs pour prendre le contrôle de Roc-aux-Sorcières, terminant la chasse aux chevaliers selon ses propres termes. Après avoir remercié les membres du groupe pour leur aide précieuse, elle leur ouvre le passage vers la sortie de la ville pour leur permettre de quitter avant que les hostilités ne s’intensifient.

Anxieuse de libérer les siens du joug de la Providence et de tous ceux qui pourraient vouloir les opprimer, la Sibylle libère la Martyre Sainte-Élie-des-Ombres de son Ossuaire de Notre-Dame-des-Ombres et l’introduit à l’intérieur de Roc-aux-sorcières, laissant la Banshee furieuse déferler sur ses ennemis. Se faisant, elle s’assure que le savoir qui pourrait permettre d’entraver leur chemin disparaisse avec le dernier des chevaliers à tomber. Ayant découvert comment recréer les cristaux d’aurore tel que fournis par les membres de la Caravane qui les ont dérobés de Valgaard, Katrin cristallise l’âme des chevaliers morts au combat pour alimenter le pouvoir de ses troupes. 

Revenant d’un voyage à Notre-Dame-des-Ombres pour communier avec le fantôme de Sainte-Élie, le Roi Olven traque les membres de la Caravane, clamant haut et fort avoir affaire à eux de toute urgence. Le Roi de Valgaard n’a jamais été aussi sérieux que lorsqu’il présente un choix bien simple au groupe : La Sibylle doit être arrêtée maintenant, ou Olven retournera les âmes de chacun d’entre eux dans les Limbes d'où il les a extirpées. Il promet à la Caravane que s’il devenait inévitable d’abattre la Sibylle pour épargner le monde, il y aurait moyen qu’une autre siège à sa place. Sans la Providence pour tenir tête à la montée fulgurante des pouvoirs de Katrin, elle est maintenant laissée sans opposition pour recréer le monde à sa manière. Le Roi est également profondément inquiet face au fait qu’elle soit en possession de cristaux d’aurore, une substance dangereusement puissante, qu’elle pourra étudier et répliquer sans en comprendre l’essence ni en entrevoir les conséquences. Ses craintes sont d’autant décuplées que les cristaux aient été dérobés de sa réserve personnelle, dans les voûtes de Reliquaire de Valgaard. Sans pitié, Olven mettra, d’un simple soupir, fin à la vie de tous ceux et celles qui refuseront de participer dans la conclusion de cette guerre magique. Après s’être assuré de l’efficacité de ses menaces, il installe un campement près de Saint-Castel pour planifier ses opérations et aider les membres de la Caravane à œuvrer dans leurs plans. 

Insatisfaite suite à ce carnage, la Sibylle se tourne vers le berceau de la Providence, Ormecolline, dans l’espoir d’y effacer toutes traces de ce qui a mené à la création de l’Ordre. Insufflés de la puissance des cristaux d’aurore, des arcanistes armés d’explosifs se sacrifient pour le bien de leur cause en prenant pour cible le Roi Guillaume ainsi que ses archives. Bien que l’attentat ne soit pas un succès, la Sibylle se contente d’avoir détruit une partie de la base de savoir d’Aslande, et se tourne vers sa dernière cible: l’Église de Dieu qui siège à Saint-Castel.

Persuadée que se débarrasser du Saint-Père et prendre le contrôle de la Basilique la placera dans une position favorable, Katrin marche sur la capitale sainte avec ses troupes. Celles-ci se fracassent sur un mur de mort-vivants, alors que les nécromanciens de Valgaard se tiennent avec le Roi Olven pour tenir les portes de la capitale avec l’énergie du désespoir. Hélas, infusés  de l’énergie magique aspirée de l’âme des Chevaliers de la Providence tombés, les mages de l’armée de la Sibylle écrase les maigres forces valgaardiennes. Katrin dirige ses soldats vers le Saint-Père Edurus pour prendre place dans son trône, et alors qu’elle y siège, déterminée à faire asseoir les pratiquants de magie au sommet du monde, ses forces déferlent sur la ville comme une vague inarrêtable. 

Les mages, cependant, se voient atteints par de plus en plus d’éclats de violence envers les leurs; leur esprit, corrompu par le zèle des âmes de Chevaliers qu’ils ont consommés, ne sait plus reconnaître leur cause, se tourne les uns contre les autres. Ils se voient de plus en plus prompts à se sauter à la gorge les uns des autres, s'entretuant, réduisant leurs nombres à vue d'œil, tout cela sous le regard impassible de Katrin qui ne sourcille pas. 

Ses troupes brisées par la folie, la Sibylle ne peut empêcher les renforts d’entrer dans la capitale, ouvrant le chemin à la Caravane et aux survivants nécromanciens jusqu’à elle. La Basilique, autrefois un lieu de paix et de recueillement, est désacralisée, ses murs suintant du sang d’alliés et d’ennemis. Prêtres ou arcanistes, les cadavres qui jonchent ses halls sont difficiles à départager. Au loin, l’écho de cris de rage retentit, alors que des voix scandent «Mort aux sorcières !» avec une ferveur qui aurait dû appartenir aux défunts Chevaliers de l’Ordre.

C’est là, au cœur de la Basilique de Saint-Castel, que la Sibylle tiendra tête à tous ceux qui auront le courage de l’affronter, aux côtés des derniers mages lucides qui partagent ses convictions. Devant l’affluence de forces qui s’amassent devant elle, elle se dresse au-dessus du groupe et ordonne, sans discrimination, l’extermination de tous. Ceux qui lui restent fidèles s’imbuent une nouvelle fois, une dernière fois, de cristaux d’aurore, la justesse de leur cause alimentant leur rage suicidaire. La Sibylle, prête à un assaut ultime, lève un cristal d’aurore vers son visage, l’âme cristallisée de Valence Delacroix, qu’elle absorbe pour nourrir son pouvoir. 

Les forces de la Caravane et d’Olven s’abattent sur les troupes de la Sibylle, mais leur opposition est redoutable et féroce. N’ayant plus rien à perdre, chaque mage épuise la totalité de ses réserves magiques dans un effort pour tuer, tuer, tuer. Des deux côtés, les forces tombent comme des mouches. Du haut de son trône, Katrin saisit le Voile des Limbes et le tord, de sorte que la Basilique autour d’eux vacille et se transforme, devenant comme une flamme crépitante, tantôt dans le monde des morts, tantôt dans le monde des vivants. La réalité se suspend autour de la bataille, étouffée de brume épaisse, suffocante. Si Valence avait été redoutable jusqu’au moment où ses Chevaliers et Bastions tombèrent, la Sibylle tint tête au groupe à elle seule, prête à déchirer le monde si elle devait tomber.

Des vagues de froid et de mort émanent d’elle et s’abattent sur ses ennemis, leurs corps vaporisés en une fine poussière. Les spectres vengeurs, tirés de leur repos dans les Limbes, hurlent et se fracassent contre les vivants. À ce moment, quelque chose change à l’intérieur de Katrin. Une pulsion humaine, une émotion, un soupçon de l’honneur du Chevalier qu’elle a absorbé. Un instant, elle se voit déchirée entre l’importance de sa cause et un zèle furieux d’y mettre fin. En elle rage des années de conflit entre l’Ordre et son couvent, les restes de l’Inquisiteur fondant comme un limier sur sa proie, saisissant le moment de la faire vaciller. Cet instant d’hésitation relâche sa poigne sur le sous-monde et rétablit la réalité, réalité dans laquelle elle est seule contre tous. 

La Sibylle vaincue par un incommensurable effort commun, et la liste de ses victimes atteignant des proportions monstrueuses, les rares survivants de ses troupes s’enfuient pour se fondre à nouveau dans les masses aslandaises, vivant dans la solitude leur insatiable rancœur. Suite à son trépas, sa jeune sœur Amélia se voit octroyer le fardeau de gardienne du Voile, étant la dernière descendante de la lignée des Sibylles. Le cœur saignant des atrocités commises par sa sœur, la Sibylle Amélia se retire dans les ombres pour poursuivre son devoir, ainsi qu’il se doit.

Chronique: Désarmer l'Ordre de la Providence

mars 23, 2022 Demonslayer Arc

Image par Jama Jurabaev

L’été qui suivit le Bris du Silence fut riche en événements pour la Caravane. Certains de ses membres plus influents avaient été approchés par sa Grâce-Majesté Constance Évangéline ven Vaugrenard, duchesse de Cérule, pour mettre fin aux opérations de l’Inquisiteur Valence Delacroix. Puisque ce but s’alignait bien avec les aspirations de plusieurs des groupes composant la Caravane, ils entreprirent de reprendre contact avec les forces éparses de la Sibylle, que l’Inquisiteur avait juré devoir capturer. Ils étaient conscients qu’ils ne pourraient jamais prendre les forces de Valence dans un assaut direct, alors ils établirent avec les mages un fin subterfuge : équipés de cristaux d’aurore fournis par la Sibylle, ses arcanistes se verraient capables d’accéder à une véritable batterie d’essence magique. En dirigeant leurs fureur vers le Roc-aux-Sorcières, ils pourraient distraire la majorité des forces de l’Inquisiteur, permettant aux aventuriers d’infiltrer la forteresse pour y affronter Delacroix. 

C’est dans la brume d’automne que les assauts arcanes retentirent.

Leur approche couverte par les incantations des alliés de la Sibylle, l’escouade d’aventuriers parvint à s’enfoncer dans le Roc. Malgré la puissance décuplée des mages, ils devaient faire vite : des Chevaliers spécialisés dans l’étouffement de la magie, les Bastions, faisaient partie des troupes de l’Inquisiteur. Il suffisait que quelques Chevaliers mènent l’un de ces annihilateurs de magie au sein d’un groupe de mages pour que leurs incantations ne donnent rien. Ceci ne se faisait toutefois pas sans pertes : les arcanistes, brûlés de toutes parts par l’énergie jaillissant de leurs pores après avoir consommé les cristaux, faisaient déferler sur eux une rage née de décennies d’oppression.

Le Roc-aux-Sorcières, malgré le chaos, était une place forte bien gardée. Les Chevaliers finirent par se rendre compte de la présence des intrus et sonnèrent l’alerte. Le fort de leurs hommes occupés en-dehors des murs, ratisser la forteresse pour trouver les aventuriers se faisait difficilement, ainsi l’escouade échappa-t-elle de justesse à leur chasse. Ils trouvèrent enfin l’Inquisiteur Valence Delacroix avec quelques-uns de ses hommes dans les quartiers desquels il dirigeait les opérations de son Inquisition. Entouré de Bastions et de Chevaliers, l’Inquisiteur se permit de questionner les motifs du groupe venu l’assassiner. Il ne se posait pas de questions quant à ceux qu’ils savaient être des sorcières, mais ceux qu’il avait vu marcher le chemin de la vertu, ceux-là furent emplis de doute. 

La tension finit par céder, et une bataille sanglante eut lieu. Les Bastions, empêchant la magie d’atteindre Valence, restaient près de lui, lui servant d’égide, de rempart. Ses Chevaliers, acculés au mur, laissèrent tomber l’honneur. Tout moyen était bon pour vaincre les aventuriers. L’Inquisiteur se jeta dans la mêlée côte-à-côte à ses limiers, montrant à nouveau le redoutable Chevalier si vite oublié derrière la façade avenante du meneur d’hommes. La défaite de ses assassins semblait inévitable, jusqu’à ce qu’ils abattent les Bastions. Dès lors, ils commencèrent à faire pencher la balance en leur faveur. Certains n’hésitèrent pas à se servir des mêmes cristaux qui tuaient à petit feu les mages de la Sibylle. La flamme divine qui illuminait la lame de Delacroix finit par vaciller, alors que ses hommes tombaient un par un. Il n’était après tout qu’un simple homme. Il avait beau redoubler de fureur, de zèle, lorsqu’il fut enfin seul, il ne pouvait pas parer tous les coups, il ne pouvait pas esquiver tous les sortilèges.

L’Inquisiteur Valence Delacroix mourut seul, entouré d’ennemis.

Le zèle de Valence enfin délogé de l’Ordre de la Providence laisse place à la foi plus tempérée de l’Inquisitrice Brynhild. C’est avec des Chevaliers qui savent discerner le Malin plutôt que le trouver partout qu’elle réforme l’Ordre, qu’elle le rapproche de ses racines auprès de l’Église de Dieu. Fini les chasses aux sorcières et les bûchers de masse : ceux qui veulent se dire Chevaliers devront désormais protéger les innocents des impies et des monstres.

Ils ne cherchèrent pas à retourner au Roc. C’était, selon l’Inquisitrice, un monument aux procès injustes de ceux qui voient le Mal partout où ils le cherchent.

Chronique: Le bris du Silence

mars 8, 2022 Demonslayer Arc

Image par tenchi24

Après avoir dépassé les camps de guerre du Roi Guillaume d’Aslande, qui observait avec avarice la gorge de Navram vidée par le Silence, la Caravane fut interceptée par des éclaireurs des Galadors à la lisière des Marécages. Ces elfes intemporels, débarrassés de leur mortalité pour pouvoir combattre un ennemi qu’ils ne pouvaient vaincre, sont revenus après des siècles d’attente et de préparation pour abattre les Huit, les traîtres qui jadis firent tomber la nation de Galadorei, ceux-là même qui ont créé le Silence.

Le Silence, les Galadors expliquèrent, nourrit les Huit des âmes qu’il sépare des créatures qui osent y pénétrer. Ceci préserve leur vie indéfiniment et régénère leurs forces magiques en continu. En écrasant la région avec le Silence, les Huit ont signalé leur retour - l’arrivée des Galadors, cependant, les empêcha de se concentrer sur leurs plans initiaux de domination. La bataille entre les deux groupes d’immortels était coincée dans une impasse : si les Galadors ne pouvaient mourir, ils pouvaient cependant être grièvement blessés, leurs corps incapables de faire quoi que ce soit. Sans magie, ils ne pouvaient se reconstruire efficacement. Leur surnombre ne pouvait cependant pas vaincre les Huit, ceux-ci se régénérant plus vite qu’ils ne se faisaient blesser. Frustrés par la situation, deux des Huit retournèrent leur magie contre les six autres. Absorbant le pouvoir accumulé par ces derniers, ils décuplèrent leurs propres capacités, mais ne pouvaient plus étendre à eux seuls le Silence. Ils avaient brisé leur propre sort pour tenter d’anéantir la résistance Galador et fuir pour recommencer ailleurs leurs sombres desseins.

Il s’avéra qu’au-travers des voyages de la Caravane, un de ses membres, Félix de Cendrespoir, avait récupéré une arme ancestrale forgée avec l’aide du Culte des Cent Secrets, une lame pouvant couper l’immortalité même. Lorsque cette information parvint à Demera Fahar, héritière de la couronne impériale de Galadorei, elle implora les aventuriers de pourchasser avec elle les deux immortels.

Les Marécages devinrent une zone de guerre. Les deux immortels relâchèrent des créatures mortes-vivantes arcanophages, qui absorbaient les sortilèges de leurs chasseurs. Flanqués de soldats Galadors, les aventuriers se seraient perdus dans le marais, s’ils n’avaient dans leurs rangs quelques membres ayant vécu dans ces lieux hostiles. Lorsqu’ils rattrapèrent enfin leurs proies, ils découvrirent leur tâche à moitié complétée : les deux elfes étaient pris dans une dernière étreinte, et celui du nom d’Elidyr se défit de son amant, qui glissa au sol, transpercé par une lame. Déferlant de l’énergie volée de ses sept camarades assassinés, il hurlait des incantations arcanes mêlées à de la sorcellerie, nourrissant de sa colère de plus en plus de cadavres dévoreurs de magie. Il fallait le terrasser, et vite : son pouvoir n’était limité que par son manque de contrôle, et il apprenait vite à dominer cette énergie. L’héritière de Galadorei se précipita sur lui, épée en main, pour l’empêcher de se concentrer sur la destruction de ses alliés. Elidyr n’avait plus le loisir d'absorber les âmes une à une. Entre deux parades il lançait des jets de flamme, des vagues de douleur, des lames du sang répandu de sa victime gisant tout près.

Plus il relevait les morts, plus les porteurs de Cendrespoir se rapprochaient. Plusieurs déjà commençaient à porter des coups à son encontre. Sa fureur ne fit que grandir. Éclat après éclat de magie renversèrent les aventuriers. L’Impératrice commençait à peiner à se tenir debout, blessée de partout, mais elle ne cessa pas de combattre. Puis, enfin, l’épée Cendrespoir érafla Elidyr. À peine une égratignure. Enfin perla sur sa peau une seule goutte écarlate.

Sentant sa fin proche, il tenta d’emporter ses assaillants avec lui. Faisant fi de toute notion de contrôle, il laissa la sorcellerie jaillir de lui, tout son pouvoir agrandi par la haine, par la terreur, par la passion. Il brûlait de toutes parts, sur le point d’exploser, lorsque ses blessures furent enfin fatales.

Lorsque les nouvelles du Bris du Silence atteignent l’armée aslandaise, ils font marche vers Navram pour y découvrir les Galadors déjà installés. Ne souhaitant pas avoir à combattre le peuple qui, selon eux, vient de mettre fin au Silence, Aslande abandonne ainsi la prise de Navram.

Le monde désormais libéré du Silence, la Caravane se tourne vers une mission qui tarde : mettre fin à la purge de l’Inquisiteur Valence Delacroix.

Contrat d'emploi du Condor

juin 28, 2020 Demonslayer Arc
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Le document suivant est réservé à l’usage exclusif du Condor et de ses associés.

Bienvenue dans l’équipe du Condor. Si ce document vous a été acheminé, cela veut dire qu’un de nos membres ou l’un de nos associé nous a fourni votre candidature et qu’elle a été retenue. Veuillez compléter le formulaire joint à cette lettre pour confirmer votre inscription dans les rangs du Condor. Si vous croyez qu’il y a erreur sur la personne ou avez changé d’avis face à votre inscription, simplement détruire cette lettre.

Avant de remplir le formulaire, voici quelques informations générales sur notre organisation afin de démystifier nos opérations:

  • Le Condor opère à la grandeur des Terres Connues. Bien que notre quartier général soit situé en Valgaard, nous avons des branches dirigées par nos Exécuteurs dans plusieurs villages et localités partout sur les terres.

  • Malgré la réputation peu favorable de notre organisation, le Condor promet un environnement de travail sain à tous ses membres et offre des salaires avantageux et concurrentiels. Nous offrons également une couverture complète de toutes sortes de conditions médicales.

  • Contrairement aux croyances populaires, le Condor offre des positions variées au sein de son équipe, de simple travailleur ou gestionnaire à tueur à gages. Les formations professionnelles sont rémunérées.

  • Sont peut-être également disponibles certains postes de direction ou de comptabilité. Informez-vous auprès de votre Exécuteur pour plus de renseignements.

Veuillez remplir le formulaire ci-joint et le faire parvenir à nos notaires situés à l’Auberge de la Grosse Torche, à Kraghavn, en Valgaard.

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Étude des groupes religieux d’Aslande: Le Culte des Cent-Secrets

juin 22, 2020 Demonslayer Arc
Illustration par Clint Cearly

Illustration par Clint Cearly

Étude des groupes religieux d’Aslande, 1192

Anonyme

« Ce sang que vous disiez sacré, il n’en revient pas à vous de le verser. Ne saignez que vous-mêmes, et craignez le sang d’autrui. Vous n’avez pouvoir sur personne, comme le divin n’a aucun pouvoir sur vous. »

- Adalric de Tournetombe, Premier Curé du Culte des Cent-Secrets.

L’appellation du groupe se rassemblant dans la Carmine Chapelle de Tournetombe en est une qui évoque des images de rituels dans le noir, de visages encapuchonnés découpés des ombres par la lueur de quelques chandelles, autour d’un cercle de sel – ou pire, de sang – dans le centre duquel un maître de cérémonie ronronne d’un ton monotone une doctrine absconse et ésotérique. Cette image fixée dans l’imaginaire collectif des bonnes gens d’Aslande a été encouragée et cultivée avec brio par les cultistes, qui trouvent dans la crainte éprouvée à leur égard le meilleur des abris. S’éloignant ainsi des simples gens qui les questionneraient sur leurs croyances, leurs méthodes et leurs pratiques, ils se protègent aussi de ceux qui auraient tôt fait de les chasser de Tournetombe en leur laissant croire qu’ils arborent de funestes desseins.

Largement laissés à eux-mêmes, les initiés du Culte se rapprochent plus d’une société secrète que d’une véritable organisation religieuse, même si plusieurs membres prennent à cœur le dogme qui y est enseigné. Après tout, un point de vue qui met l’être humain au centre de l’univers, maître de son propre destin et surtout maître chez lui, résonne auprès de beaucoup de bonnes gens. De nombreux initiés sont avant tout des gens qui ont subi une religion d’une façon ou d’une autre, qu’ils aient été chassés de leur village en étant traités d’hérétiques, qu’ils aient été considérés maudit par la Mère des Monstres, ou encore qu’ils aient tout simplement été élevés dans un monde avec lequel ils sont en désaccord.

La Première Exorciste n’appelle que les plus dévoués – à sa cause ou au Culte – à devenir des acolytes, ces initiés qui démontrent des talents martiaux. Ces gens sont entraînés avec rigueur à reconnaître les signes des apparitions des Maleficarum, ces êtres qui ne sont pas mortels. Anges, démons, esprits et faes : ces créatures n’ont pas droit au monde des hommes, dicte le Culte. Ils abusent de leurs pouvoirs pour mettre à bas les mortels. Des gens profitant de leur magie pour causer le tort sont également Maleficarum, et à détruire à tout prix.

Après avoir appris à voir le mal, il faut apprendre à le contrôler. Le contrôle, selon le Culte, commence par soi, d’où la croyance que la douleur qu’ils s’infligent et leur rappelle leur mortalité leur permet également à contrôler leurs émotions, leur concentration, leur volonté. La Première Exorciste et ses frères enseignent aux acolytes à contrôler leur pouvoir, qu’il soit magique ou non, de façon à pouvoir l’appliquer judicieusement.

Les acolytes servent leur maîtresse en servant d’assistants aux curés, aux exorcistes et aux obfuscators. Il est à noter que ceux-ci ne sont pas considérés comme étant meilleurs que leurs acolytes – tous sont égaux face à la mort, face à la douleur.

Un curé, bien que son titre soit intrinsèquement religieux, ne sont pas obligatoirement des adeptes de la magie dite « divine ». Leur rôle est de connaître les rituels et les coutumes des Cent-Secrets, d’être fidèles au Culte et de guider les autres initiés et acolytes.

Un exorciste, quant à lui, s’instruit toujours plus au sujet des méthodes permettant de combattre les Maleficarum. Manipuler la magie du monde des morts est souvent un mal nécessaire pour eux, car celle-ci protège habilement contre les incursions des êtres venus d’ailleurs. Plusieurs d’entre eux se rapprochent des idéologies du Culte pour se protéger de l’influence potentiellement malsaine des esprits reliés à leurs pouvoirs, et développent dans certains cas des aptitudes similaires à la magie des prêtres d’ailleurs.

Le rôle d’un obfuscator est difficile à cerner. On dit parfois d’eux qu’ils gardent les savoirs interdits – les « Cent-Secrets ». Ils sont pourtant souvent envoyés faire des missions clandestines, leur passage rarement remarqué par les bonnes gens d’Aslande. Nous déduisons d’eux qu’ils font des rapports sur diverses choses banales, mais dans quel but ? Nous ne pouvons que spéculer, la meilleure théorie étant qu’ils ne font que contribuer à la propagation des mythes au sujet du Culte, et donc à préserver sa sécurité.

Nous jugeons que le Culte, même si plusieurs de ses initiés pratiquent d’étranges magies, n’a à cœur que le bien des gens du Vieux Continent.

Code du Chevalier

juin 14, 2020 Demonslayer Arc
Image par Mingchen Shen

Image par Mingchen Shen

Code d’Honneur du Chevalier de l’Ordre

Par le Grand Inquisiteur Tempérance ven Cérule

« Et le Seigneur foudroya la terre de Sa colère, scarifiant la surface du monde à jamais. Des tréfonds de Sa terre jaillirent des colonnes de feu qui, refroidies par des bourrasques violentes de vents glacials, piégèrent le Malin dans l’enceinte de ces montagnes. 

Le Seigneur avait lancé Son message à ses fidèles, un appel aux armes pour pourfendre le danger. Cet appel, je l’ai entendu, et avec moi des centaines de Frères et de Soeurs, de Fils et de Filles. Nous allions nous faire Remparts du monde, de Son monde, même s’il nous fallait le faire seuls.

Prit alors place la Chasse la plus répandue et la plus impitoyable de l’histoire des Terres Connues. »

La Ferveur

Le Seigneur dit: 

« En tant que Mon chevalier, tu es le gardien de la Foi. Tu te dois de garder l’oeil sur ton troupeau, et le mener vers Moi ; de toi, Je demande la Ferveur. Tu n’imploreras pas d’autre pouvoir que le Mien. Dévoues-toi corps et âme pour ton salut et celui des tiens. 

Dévoues ce corps, que J’ai fait à Mon image, à la protection. Fais-toi rempart entre l’Innocent et le Malin, car dans ce corps J’ai déversé Ma dévotion, Ma force et Ma volonté. Tu n’inciseras jamais ta chair, car J’ai sacrifié la Mienne pour vous tous. 

Dévoues cette âme, que J’ai façonnée à même la Mienne, à la pureté et l’élévation. Disciplines-toi face aux plaisirs de la chair, car tant qu’ils persistent dans ton coeur, tu ne seras jamais digne de Ma grandeur. Seuls le loyal et le fidèle trouveront leur place en mon sein dans l’Au-Delà. »

La Vigilance

Le Seigneur dit ensuite: 

« En tant que Mon clerc, tu es gardien de la Prudence. Tu te dois d’assurer que Mon monde, tel que créé, est maintenu ; de toi, Je demande la Vigilance. Tu ne laisseras pas l’impie affliger la terre que Je vous ai livrée.

Allumes une chandelle à l’aube et dédies-la à Ma gloire éternelle, car Je te bénis chaque jour de la lumière du soleil. Tu  ne manqueras de rien tant que ta révérence perdure. Ne tourne pas avec envie ton regard vers les biens d’autrui. Tu maintiendras discipline et humilité, car le bien viendra aux vertueux. »

La Miséricorde

Enfin, le Seigneur s’exclama: 

« En tant que Mon enfant, tu es gardien de la Charité. Ne laisse pas la haine troubler ton coeur, ou celui de ton prochain ; de toi, Je demande la Miséricorde. Si le coeur d’un autre ne peut être sauvé, sauve-le de lui-même. 

Gardes-toi de porter faux témoignage envers ton prochain, car cela est immoral. Je saurai toujours la Vérité et il est de ton devoir de la propager. Tu maintiendras la Justice, car elle est Mon cadeau pour vous.

Ouvre ton coeur à celui qui se repent, puisque Je l’ai fait à Mon image également. Offre-lui la chance de se racheter à Mes yeux. Celui qui prend la vie d’autrui sans faire preuve de pardon est une insulte à mon Honneur. »

« Respecte Ma parole et honore Ma volonté. Celui qui s’en trouvera indigne sera châtié sans égard à titre d’impie et d’hérétique. »

Carnet des bêtes et créatures fantastiques, pt. 3

mai 30, 2020 Demonslayer Arc
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Terreurs Oniriques

Par Shalaevar Xilvyn

Les Chimères

Lors de mes voyages, j’ai rencontré toutes sortes d’êtres, agressifs ou pacifiques, bons ou mauvais. Cependant, rien ne se compare réellement à la nature ambigüe d’une chimère. J’en ai observé plus d’une, ai même été victime de leurs habiletés cauchemardesques, et en suis venue à la conclusion qu’ils appartiennent autant aux royaumes des Enfers qu’aux cours de la Faerie, selon les critères suivants :

D’abord, ces démons se nourrissent des émotions de terreur et de désespoir de leurs victimes en les harcelant sans cesse, nuit après nuit, dans leur sommeil. Cela en soit est suffisant pour les qualifier de créatures démoniaques. Or, contrairement à tous les autres types de démons qui n’ont d’animal que leurs cornes, les chimères présentent des attributs extrêmement bestiaux, rappelant le satyre, le naga et la manticore. En fait, leur apparence est un réel mystère ; c’est comme si elles existaient uniquement dans les cauchemars des faes mentionnées ci-dessus, et que le corps qu’elles revêtent maintenant était né de ces terreurs nocturnes.

La Malédiction de Saint-Castel

Ma première rencontre avec une chimère s’est fait par le plus pur des hasards. J’étais sur le chemin du retour après avoir pourchassé la rumeur d’un puissant poltergeist à Saint-Castel et malgré la nuit, je ne comptais pas m’attarder dans les parages. Le silence dans les rues et ruelles était assourdissant, oppressant, de toute évidence le résultat d’une présence malsaine. J’ai donc été parcourue d’un frisson lorsque, dans ce silence, j’ai perçu un son tranchant, humide, un gargouillement inhumain.

Dans ma profession, lorsque confronté à un élément hors de l’ordinaire, investiguer plus avant  est la réponse naturelle. J’ai suivi les bruits jusqu’à une chaumière à la fenêtre de laquelle j’ai pu observer l’intérieur.  À la lueur d’une chandelle presque éteinte, j’ai vu un monstre, la queue d’écailles noires battant follement l’air, penché sur la gorge d’un jeune homme alité, une large traînée de sang coulant au sol entre ses sabots. Je n’ai rien pu faire d’autre que de sortir mon carnet de ma sacoche pour gribouiller ce dont j’étais témoin, alors que cette monstrueuse créature se repaissait de sa victime. 

J’ai laissé la bête à son funeste repas, ne cherchant pas à m’attirer sa rage. J’ai réussi à capturer quelques angles dans mes croquis, dont j’ai ensuite pu faire des portraits approximatifs. 

Après cette rencontre, je brûlais d’en apprendre plus sur la bête. J’ai cherché, d’abord par moi-même, puis me suis résolue à aller chercher l’aide d’un expert.

N’importe quoi pour satisfaire ma soif de connaissance de cette nouvelle créature inconnue.

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Le Fléau de Tournetombe

Il n’y a en ce monde qu’une organisation qui pourrait potentiellement savoir à quoi je me suis frottée à Saint-Castel, et ce sont les cultistes des Cent-Secrets. C’est vers eux que j’ai tourné mon regard lorsque mes propres recherches n’aboutirent à rien. 

J’ai rencontré un Exorciste du culte, lui ai montré mes croquis et les maigres notes que j’avais pu recueillir suite à cette nuit. J’ignore s’ils ont simplement assumé qu’il serait mieux de me mettre en contact avec un membre de ma race, ou s’il s’agit d’une brillante coïncidence, mais je me suis entendue avec Nalaeryn immédiatement. Son expertise m’a été précieuse dans mes recherches.

J’ai profité de sa nature curieuse, je l’admets, mais c’était pour la bonne cause. Ensemble, nous avons cru judicieux de se faire victimes d’une chimère pour la prendre sous observation et mieux la comprendre. Le processus par lequel l’invocation s’est fait m’importe peu: seul le résultat compte. La chimère a mordu l’hameçon et a commencer à nous tourmenter. Nous passions tout notre temps ensemble pour contenir la contamination à un minimum.

Nous avons découvert que la chimère peut se nourrir de plus d’un individu à la fois, mais la montée de son influence se fait plus lente plus le nombre de victimes est grand. Avec seulement Nalaeryn et moi, quelques jours ont suffi pour développer des symptômes qui ne laissaient aucune place au doute; tous les matins, nous nous réveillions avec des marques sur le corps, ecchymoses, plaies ouvertes, assaillis de cauchemars sans fin, un sommeil tout sauf réparateur, anémie de plus en plus sévère. Le monstre se nourrissait d’abord de nos sentiments de peur pour prendre des forces et se donner forme physique, après quoi il allait tenter de nous dévorer, et passerait à sa prochaine victime. Malgré l’épuisement, Nalaeryn avait tout ce dont il avait besoin pour procéder à un exorcisme et une capture, et il se tenait prêt à tout instant.

Quand le monstre apparut, il revêtit une enveloppe presque féminine bien différente de celle, léonine, que j’avais entrevue à Saint-Castel. Cette fois, son visage était sectionné et son menton couvert d’écailles souples et pâles, ses yeux comme un puit sans fond, ses crocs aiguisés gouttant de venin. Ses bras étaient couverts de fourrure et de longues griffes allongeaient la portée de ses grandes mains. Nalaeryn ne la voyait pas, à cet instant. Elle n’existait que pour m’oppresser, maudite créature. 

Après que mon partenaire aie procédé à la création d’un cercle de sel magique, nous avons réussi à emprisonner la chimère à l’intérieur, me laissant tout le loisir de la dessiner. Je pense avoir très bien capturé son air de haine silencieuse, alors qu’elle attendait, sans défense, le jugement qui lui tomberait dessus à tout moment.

Ce que le Culte a fait d’elle après notre départ, je n’en sais rien. Ça a peu d’importance à mes yeux.

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Le Tourment de Navram

Nalaeryn s’est pris d’intérêt pour mon projet et m’accompagne maintenant dans mes voyages pour me servir de protection. J’avais en tête l’apparence de la chimère de Tournetombe et me demandait s’il en existait d’autres sous-races que les deux que j’avais rencontrées. Tomber sur une nouvelle victime près d’un an plus tard a été une coïncidence extraordinaire. 

Nous logions dans une auberge de Navram quand nous avons rencontré des voyageurs affligés de cauchemars et montrant de clairs symptômes d’anémie. C’était un groupe d’une dizaine d’individus, tous ayant l’air mal nourris et épuisés. Ils se plaignaient d’insomnie depuis près d’une semaine, semblait-il. Nalaeryn et moi avons alors réalisé que pour que leurs symptômes soient déjà si nombreux et si répandus, cette chimère devait être monstrueuse, assez puissante pour se nourrir physiquement de tous ces hommes par elle-même.

Nous avons fait appel à d’autres occultistes et exorcistes de Tournetombe, mais ils ne sont malheureusement pas arrivés à temps.

Cette fois, le combat entre le prédateur et ses proies a été si sanglant et violent qu’une partie de la ville a été tirée de son lit pour y assister et tenter d’y mettre un terme. La bête avait cette fois une apparence beaucoup plus masculine quand Nalaeryn l’emprionna dans son cercle de sel. Le dos et les bras couverts d’écailles, mais le visage couvert d’une fourrure rêche et drue, elle avait des pupilles fendues à l’horizontal, comme celles d’un cheval ou d’une chèvre. 

Nalaeryn est épuisé. Il a retenu ce féroce démon dans sa prison presque trois jours durant avant que ses collègues puissent marcher dans la ville et y mettre un terme.

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Lettre pour mes parents

mai 25, 2020 Demonslayer Arc
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Lettre pour mes parents

par Sir Léoric Vif-Argent

Cher père, chère mère

J’espère que cette lettre vous trouve en bonne santé. Il y a maintenant plusieurs lunes qui se sont écoulées depuis mon départ de Roc-aux-Sorcières. La tâche est plutôt simple, l’Inquisiteur Delacroix a demandé à notre compagnie d’investiguer des rumeurs de sorcellerie à Mornelande, un petit village des Plaines situé à quelques heures au sud de Tournetombe. Je dois avouer que l’idée au départ me titillait. Ma toute première mission de terrain, le fruit de mes années d’entraînement allait enfin me servir. La route et le climat ont été cléments et nous somme arrivés à Mornelande presque une demie-journée plus tôt que prévu.

À notre arrivée, nous avons fait le tour du village, tranquillement, discrètement. Nous nous sommes présentés aux habitants et avons établi un périmètre autour du village, annonçant le Décret Providentiel issu par l’Inquisiteur Delacroix. Après la première journée, nous avions établi notre présence et étions prêts à commencer notre investigation. Les habitants semblaient plutôt nerveux, certains sur la place publique se plaignaient du confinement qui leur était imposé. Mon supérieur, Sir Reginald Lance-d’Or, leur expliqua que plus les villageois coopéreront, plus vite nous partirons. Après tout, s’il n’avaient rien à cacher, ils n’auraient pas à s'inquiéter. La journée se termina et nous sommes allés nous coucher dans nos tentes à l’extérieur du village.

Dès la deuxième journée, nous avons commencé les interrogations. Nous savons commencé par rassembler tout le monde sur la place publique, suite à quoi nous avons dressé une liste de présence. La liste fut organisée et nous avons alors commencé les séances individuelles. Sir Reginald, installé à un podium sur la place publique, appelait deux par deux les noms sur la liste, les dirigeant vers la maison du charlemagne derrière lui, dans laquelle deux équipes de chevaliers-interrogateurs étaient installés. J’étais posté comme garde pour maintenir l’ordre sur la place publique et pour assurer que personne ne tenterais de déjouer le protocol. Les personnes nommées entraient d’un côté de la maison et ressortait de l’autre, portant un sceau providentiel au cou à leur sortie. À la fin de la journée, nous avions réussi à questionner environ un tier du village. Les personnes interrogées ont reçu comme directive de garder le sceau jusqu’à ce qu’ils soient demandés de le retirer. Nous retournèrent encore à nos tentes cette soirée-là.

Au troisième jour, nous avons continué les entrevues. Juste avant de commencer, nous prirent les présences des personnes interrogées la veille. Le compte était bon et personne ne manquait à l’appel, et personne n’avait retiré leur ruban. Toujours à mon poste, je remarque     que la place publique semble plus vide et froide qu’hier. La plupart des adultes ont passé le test hier et donc ne reste plus que les enfants et les vieillards. Vers le milieu de l’après-midi, nous avons terminé de questionner tous les enfants du village. Il ne restait que les aînés, que nous allions questionner le lendemain.

Les opérations roulaient rondement. Toujours posté en tant que garde, je surveillais la place publique, maintenant presque vide, pour la dernière journée. Le carillon de midi venait à peine de sonner lorsque les derniers paysans finirent d’être questionnés. Moi et quelques autres de mes confrères avons alors été assignés pour récupérer les sceaux distribués, et les compter. Encore une fois, le compte était bon, indiquant que personne n’avait fui la ville depuis notre arrivé. Nous rendîmes la maison du charlemagne et fûmes convoqués par Sir Reginald pour le compte-rendu et la marche à suivre pour le reste de nos opérations à Mornelande.

Nous nous sommes réunis devant la tente de commande, où Sir Reginald commença le compte-rendu. Nous commençâmes par une prière au Seigneur, tel que coutume, et Sir Lance-d’Or commença. Il nous remercia de notre service, d’avoir assuré le bon déroulement des opérations et comment nous serions en route pour le prochain village dès demain. Il avait déjà terminé de lire les rapport d’entrevues des villageois et déclara, d’une voix ferme et certaine, que tous les villageois étaient blanchis de toute suspicion de sorcellerie, contrairement au rumeurs qui nous avaient amenées ici.

Tous et chacun des villageois était pur et honnête.

Ce qui, selon Sir Reginald, signifiait que ces pauvres âmes étaient donc complices, contre leur volonté, à un couvent de sorcière qui devait se terrer non loin du village.

Il expliqua ensuite que nous ne pouvions pas laisser l’influence de sorcières corrompre les bonnes gens des terres et que tout ce qu’il restait à faire était de les libérer de leur supplice. Par son décret, aucune âme vivante ne devait rester dans le village suite à notre départ. Il déclara que l’opération commencera demain matin à l’aube. Nous devions tous les abattre; le bois de leur maisons servirait pour le bûcher. Il nous ordonna d’aller nous coucher pour être aptes à la tâche demain avant de partir.

Je dois vous l’admettre, mère, père. Demain, avant l’aube, je serai parti. Demain, avant l’aube, je déroberai un cheval et retournerai à Roc-au-Sorcières et demanderai audience avec l’Inquisitrice Coeur-de-feu. Depuis mon arrivée au sein de la Providence, je croyais accomplir le dessein du Seigneur. Je croyais remplir une tâche divine, protéger les valeurs et les vies juste que nous menions. À entendre l’ordre donné par Sir Reginald, j’ai maintenant peine à croire que nous avons prêté le même serment. Je demanderai devant l’Inquisitrice, si c’est à quoi se résume le mandat de l’Ordre de la Providence que de tuer des innocents, qui n’ont que commis le crime de n’avoir rien à se reprocher.

Je prépare mes choses ce soir. Personne ne semble se douter de quoi que ce soit, mais personne ne semble remettre en question les ordres du Chasseur Lance-d’Or. Je ne crois pas dormir cette nuit, car j’ai trop peur de manquer mon opportunité et être forcé à participer au massacre. Si on m’attrape en plein fait, je serais sûrement brûler au bûcher pour hérésie ou pour trahison.

Je vous aimes.

Que Dieu soit avec vous.

Votre fils, Léoric.

Les Larmes de la Morrigan, partie 2

mai 17, 2020 Demonslayer Arc
Illustration par Klaus Pillon

Illustration par Klaus Pillon

Les Larmes de la Morrigan - I

Par Finn Ingisfal

Il se redressa dans la couchette, tiré de son sommeil par une terreur dont il ne
conservait aucun souvenir. Quelque part, quelques oiseaux régalaient l’univers de leurs
chansons. Dans la pénombre de la cabane se dessinaient une multitude d’étagères couvertes
de petits pots pleins de fleurs séchées, de bacs de cultures de champignons, et d’organes salés
et séchés de diverses créatures. La lueur de la pipe aux lèvres de l’autre homme assis dans la
pièce attira son regard, et Adrien reconnut l’occultiste qui l’avait ramené au hameau. Il expira
une fumée lourde et se leva en silence, poussant la porte. Le jour jeta son dévolu sur
l’intérieur de la cabane, révélant tous ses secrets. Les meubles mal dégrossis de l’occultiste, sa
petite collection de livres écrits en aslandais, en valgaardien, en nanique, la vieille épée. Rien
n’avait changé depuis la dernière visite de la sorcière. Et pourtant, il ressentait quelque chose
de différent dans la posture de sa soeur, qui posa ses yeux fatigués sur lui.
« Qu’est-ce qui te trouble, Doreg? » demanda Adrien. La question se perdit entre les
deux hommes, laissée tomber comme un poids mort. Le dénommé Doreg tira sur sa pipe une
nouvelle fois, détournant le regard vers le petit village qui s’étirait paresseusement sur le flanc
de la colline. La brise lui rendit la fumée qu’il tenta de souffler en-dehors, et il fronça les
sourcils.
« L’Aînée est morte. » Les mots de l’occultiste remplirent le vide tendu entre les deux
sorcières, avec le bref son de sa voix rauque autant qu’avec tout le sens de son énoncé. L’Aînée
de leur communauté, morte? Une sororité de Filles de la Morrigan sans chef, le chaos total. Il
ne fallait pas que ça dure. Adrien était déjà levé et allait enjamber le seuil de la porte, mais
Doreg lui barra le chemin en posant sa main dans l’embrasure.
« Laisse-moi sortir, » siffla Adrien. « Tu sais ce qu’il faut faire.
–Oui, » répondit l’occultiste, ses yeux comme des couteaux. « Et tu n’as pas ton mot à
dire au Conseil. Ni moi non plus, ni Esmée d’ailleurs. C’est de notre faute. »
Le souffle coupé, comme happé par un cheval en pleine course, Adrien fit un pas vers
l’arrière. Il regarda partout par terre, comme si la terre battue lui serait d’un quelconque
secours.
« La prisonnière? » balbutia-t-il. « C’est elle qui…
–A tué Fyrvalia, oui. » Il enleva sa lourde main du cadre de la porte. « En réveillant
son Don, ni plus ni moins.
–Tu veux dire qu’elle est une sorcière? » se surprit Adrien à crier.
Quelque part, les oiseaux s’étaient tus. Au loin, quelqu’un frappa six fois dans une
casserole. Ils se regardèrent tous les deux un instant, puis Doreg saisit la vieille épée et sortit,
talonné par Adrien. Les Chasseurs les avaient retrouvés.

Rapport d'évacuation de Fjollen

mai 9, 2020 Demonslayer Arc
Photo par Kratilim de Polycount

Photo par Kratilim de Polycount

Rapport d'évacuation de Fjollen

par Vinfried Bjornfal

Mon nom est Vinfried Bjornfal, anciennement éclaireur pour la Quatrième Compagnie des armées de Valgaard. Je dis anciennement car j’ai été réassigné à la troisième compagnie après l’éradication de ma Compgnie aux mains de… choses… sorties d’un portail ayant englouti la ville de Fyrstrad. À ce jour je ne peux toujours pas décrire ce que c’était ou ce qui s’est passé… franchement, j’en fais des cauchemars et je préfère me coucher dans ma tente alors que mes collègues s’assoient autour du feu le soir. “Vinfried, y a pas à craindre” qu’ils me disent.

Ils ne peuvent pas comprendre…

Aux vues des conséquences du portail de Fyrstrad, leurs majestés ont décidé d’évacuer la cité portuaire de Fjollen. La décision est tombée peu après avoir joint la compagnie et sitôt nous étions dépêchés afin de gérer les efforts de relocalisation de la population et de prêter main forte aux citoyens. Aucuns rapports ne mentionnent des créatures ou des dangers, ce qui me rassure grandement.

Ma survie aux événements m’a rapporté une promotion, un maigre baume sur la situation et la perte de mes collègues… excusez-moi si j’en parle souvent, les souvenirs sont encore à vif…

La compagnie s’est déplacée vers Fjollen, arrivant en quelques jours avec une caravane de vivres à distribuer. Au loin nous voyions toujours le grand de nuage de brume, je m’empressai de dire à mon officier supérieur de s’en tenir très loin. Ils avaient entendu l’histoire, ils me prirent au mot.

L’arrivée du convoi en ville a été un message très mixte. D’une part cela voulait dire que les Rois n’avaient pas oublié leur peuple et étaient là pour s’en occuper, de l’autre cela voulait dire qu’ils avouaient que la situation était plus risquée qu’anticipé et que de nouveaux temps difficiles étaient à l’horizon. Je comprenais leur malaise, mais mes ordres étaient clairs.

« Peuple de Fjollen, par décret royal, la ville de Fjollen doit être évacuée. L’armée est présente pour vous aider dans ce processus. Veuillez emmener l’essentiel et embarquer sur les navires. Tout marchand doit venir s’enregistrer auprès du Capitaine Erikfal qui vous donnera des instructions pour la sauvegarde de votre marchandise onéreuse. La ville sera sous la protection de l’armée, veuillez agir dans le calme et dans l’ordre! »

Les crieurs répétèrent ce message partout en ville et la tension montait à chaque répétition. Erikson fut très rapidement enseveli de demandes, le quartier-maître pris seul pour s’occuper d’un groupe de négociateurs et de marchands tentant tous de se négocier un peu plus que ce qui leur était alloué dans les caravanes et sur les navires. Le Capitaine Erikfal est un homme de loi, fier et droit. Toute tentative de le soudoyer aurait été reçue avec hostilité, réprimande et probablement une arrestation, mais maintenant n’était accueilli que par un non poli et un soupir.

D’autres étaient beaucoup plus échaudés par les événements. La capitaine Franzlanya elle avait été mise en charge de patrouiller les rues et de prêter main forte à la garde pour garder la paix.

Elle revenait au camp de base irritée et désespérée, souvent avec un quelconque malandrin menotté. « C’t’ordure tentait de dévaliser l’épicier. Bordel, on a encore à manger, pas la peine de voler UNE pomme! » Elle s’est dégotté une entente avec un tavernier du coin pour un rabais substantiel sur l’alcool qui voulait écouler ses stocks. Elle en a profité.

Somme toutes les choses allaient bien. C’était chaotique, difficile, long et nous brisait le coeur de voir ces pauvres gens arrachés à leur demeure, mais aucun incident n’est arrivé… sauf un.

Le maître du port est venu nous voir aux petites heures du matin, à la fois affolé et gêné. Une poignée de vaisseaux étaient partis durant la nuit malgré l’ordre de réquisition de tous les navires à quai à Fjollen. Où étaient-ils, où allaient-ils, impossible de le savoir. La rumeur voulait qu’ils étaient des déserteurs terrifiés ayant décidé de s’installer ailleurs aux vues de la grande malchance qui semblait s’abattre sur Valgaard. Pour l’histoire complète, il faudra leur demander si on parvient à les retrouver.

Les efforts prirent quelques jours avant que la première vague soit prête à partir. Une fois les charrettes remplies et les ancres levées, nous accompagnions tous ces gens forcés de laisser leur chez-soi derrière au mains de brutes sanguinaires. Je comprenais leurs appréhensions. La ville serait sous contrôle militaire, pour le meilleur comme pour le pire, et ce jusqu’à ce que cette crise soit passée.

« Comptez-vous chanceux d’être ici et non pas là-bas. » Je pointai vers le brouillard de Fyrstrad, tous se sont tu. Je ne sais pas si je préférais la panique où le silence laissant entendre les craintes de chacun.

Carnet des bêtes et créatures fantastiques des Terres Connues, pt. 2

mai 3, 2020 Demonslayer Arc
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Épouvante des Cieux

Par Shalaevar Xilvyn

Les Anges

Ce que j’ai à dire sur ces êtres ne satisfait pas du tout ma curiosité, mais il s’est avéré impossible d’en approcher quel que ce soit pour obtenir les détails. Par Ishta’ra, même mes croquis restent brouillons, malpropres. Je n’ai pas pu m’approcher assez pour mieux les voir.

Je les ai vus, tous scintillants, dorés comme des statues grandioses, émergeant d’un tunnel lumineux, exemple même de grâce et de dignité. Et pourtant… à leur arrivée, un poids s’est installé au creux de mon ventre. Une terreur viscérale qui, étrangement, s’est immédiatement résorbée.

Assise dans les fossés, mon carnet en main, j’ai perdu toute notion du ressenti. Les branches pointues ne me causaient plus d’inconfort, les insectes voltigeant autour ne m’importunaient plus. J’observais ces créatures pures découvrant leur environnement et je ne ressentais rien : pas d’émerveillement, pas d’inquiétude, pas de révérence.

Je me suis trouvée incapable de m’en écarter, incapable de m’en approcher, condamnée à demeurer dissimulée dans la végétation sans désir de bouger. Je ne suis pas sûre combien de temps ils sont restés. J’ai compté au moins deux nuits. Je n’ai jamais ressenti la faim en leur présence, mais j’ai remarqué un détail : au fur et à mesure de leur séjour sur le plan des mortels, leur peau dorée s’oxydait comme des reliques anciennes, marbrant leur visage de taches sarcelle, abîmant leur apparence parfaite. J’ai observé l’un d’eux, clairement blessé, portant des taches noirâtre inquiétantes sur sa tunique. Sur lui, l’oxydation semblait plus répandue, plus violente. J’en déduis donc, sans autre preuve tangible, que les blessures qu’ils subissent - ainsi que le temps qu’ils passent ici bas - sont la cause de ce changement chez eux.

Les Anges que j’ai rencontrés me semblaient être de rang inférieur. Ils n’avaient pas d’ailes, comme on les dépeint dans les histoires et légendes, mais portaient un auréole doré couronnant leur tête. Jamais je ne les ai entendus s'adresser l’un à l’autre, aucun mot, aucun son n’a jamais franchi leurs lèvres. Peut-être sont-ils connectés tous ensemble à un même esprit? Je n’ose poser de conjecture à ce sujet, trop délicat, trop peu d’information. L’Ange blessé ne guérissait pas. Je les ai vus, à l’aube de leur départ, le troisième jour, simplement le tuer en lui tranchant la gorge d’un coup franc.

Ce n’est qu’une fois qu’ils sont partis que j’ai pu constater à quel point mes muscles me faisaient souffrir, à quel point la faim me tenaillait les entrailles, à quel point la fatigue m’assaillait. J’ai été à nouveau prise d’épouvante et ai titubé le plus loin que j’ai pu avant de m’effondrer pour prendre du repos et une collation pour réussir à reprendre la route.

En toute honnêteté, si je ne recroise jamais un Ange à nouveau dans toute mon existence, je n’en serai pas plus malheureuse… 

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Le Don

avril 26, 2020 Demonslayer Arc
Photo par Pixabay de Pexels

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Le Don

par Velrrik de la Morrigan

Certains me connaissent peut-être déjà, peut-être que certains qui liront ceci me détestent même. Tout le monde n’est peut-être pas prêt à lire ce que j’écris et à accepter mon message, mais j’ai espoir que ce jour viendra…

Je suis Velrrik, des Filles de la Morrigan. Je suis né avec ce que mes soeurs appellent “le Don”, et ce que mes détracteurs appellent “Hérésie”. Ce cadeau qui m’a été donné à ma naissance, ou peut-être même bien avant, est le don de la magie noire. Le monde dans lequel nous vivons aura tôt fait d’appeler ce don un cadeau empoisonné, car certains voudraient voir ceux qui le possèdent brûler sur un bûcher. Mes soeurs sorcières ainsi que moi-même partout sur les terres sommes mises à mort pour être nées sous un mauvaise étoile, pour posséder un cadeau que nous n’avons jamais demandé.

Mes aînées me racontent qu’autrefois, le Don était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Par le passé, le cadeau des sorcières leur permettait d’être à l’affût des voix de la nature, des éléments, des esprits qui nous entourent, un peu à la manière des chamans, des nécromanciens et des arcanistes que nous connaissons aujourd’hui. Dans ces histoires, on parle de sorcières vivant au sein de communautés, servant de guérisseuses dans les villages, d’érudites ou encore d’augures. Les sorcières vivaient en harmonie avec leurs semblables, on venait les voir pour des conseils, elles étaient de véritables érudites en toute sortes de matières, et des piliers de leurs communautés. 

Tout a changé lorsque l’Église de Dieu fût fondée. Loin de ce qu’elle est aujourd’hui, la première Église, me raconte-t-on, était vicieuse et acharnée dans sa chasse aux sorcières. Les premiers prêtres répandaient des messages de haine et accusaient les sorcières d’hérésie. Les érudites et les guérisseuses furent chassées de leurs villages, et celles qui refusèrent furent brûlées au bûcher. Les histoires de mes soeurs ne sauraient décrire cet événement, mais c’est face à cette menace que la nature même du Don aurait changée. Lors d’une nuit sans lune, il est dit que toutes les sorcières du monde auraient entendu l’appel d’une nouvelle sorte de voix, plus forte et plus puissante que toutes les autres. Des voix sombres, venues d’un tout autre monde, qui offraient aux sorcières vengeance et la force de se protéger de leurs chasseurs. C’est durant cette nuit que les sorcières devinrent les monstres que l’Église les accusaient d’être, ou du moins c’est ce que l’on me raconte. Du jour au lendemain, pour avoir commis le crime de se défendre de la persécution de l’Église, les sorcières furent déclarées comme des hérétiques, leur vraie nature maintenant dévoilée au monde entier. Les hommes de foi furent rapide à les dénoncer. “Voyez comme elles se sont servies de vous.” “Sous les vêtements de la brebis se cachait depuis tout ce temps un loup.” Les sorcières, qui autrefois étaient bonnes aux yeux des gens, étaient maintenant des manipulatrices, des menteuses hypocrites.

Nous nous faisons rares. Aucun érudit ou homme de science ne saurait le dire précisément, mais selon ce que mes soeurs racontent, à peine une ou deux pauvres âmes ne naîtraient avec le don en un millier de naissances. Tel un véritable cadeau, le Don peut également être donné de parent à enfant. Toujours rare, il reste que sur une centaine naissances avec une sorcière comme parent, un seul enfant hérite du don ; un enfant sur dix, si les deux parents sont porteurs. Face à la persécution, le seul refuge d’une sorcière est avec ses semblables, mais puisque nous sommes si peu nombreuses, la majorité des sorcières doit se faire discrète, et cacher leur don aux autres. Soit par dessein, ou alors par simple chance, les sorcières finissent inévitablement par se rejoindre. Certaines forment des couvents, et développent leurs propres pratiques, et d’autres se contentent simplement de la présence des autres. Ce lien est pourquoi les Filles de la Morrigan se considèrent toutes soeurs.

Je ne peux pas affirmer avec certitude que les récits de mes soeurs soient véridiques. Je ne peux pas, en toute honnêteté, déclarer que le Don a effectivement été corrompu par la persécution de l’Église. Je ne peux pas non plus affirmer que les sorcières aient autrefois été bonnes et bienveillante comme les récits le racontent. Ce que je sais, cependant, c’est que les sorcières ne sont pas toutes mauvaises de nature. Le Don qu’elles n’ont jamais demandé n’est rien de plus qu’un outil, que le monde aura vite fait de façonner en poignard. Le cycle de la haine dure depuis trop longtemps, et ses origines son troubles ; la persécution engendre la vengeance, ou est-ce que la vengeance engendre persécution? Si il n’y a qu’une seule chose que je souhaite, si ce n’est pas pour moi et mes soeurs alors à nos enfants et aux futures sorcières, c’est de briser ce cycle, pour que le monde puisse enfin retourner à une certaine harmonie… Malheureusement, ceux qui devraient écouter mon message brûleront certainement mes écrits et n’en tireront rien.

Les Larmes de la Morrigan, partie 1

avril 19, 2020 Demonslayer Arc
Photo par Vlad Bagacian de Pexels

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Les Larmes de la Morrigan - I

Par Finn Ingisfal

La forêt s’était tu depuis peu. Une heure bénie de silence, avant que les étoiles ne soient à leur plus radieuses, quelque temps après le coucher du soleil. Le grésillement des grillons s’était étouffé petit à petit, le vent avait cessé de murmurer entre les branches, les crapauds n’avaient pas encore trouvé leurs voix. Le silence fut brisé par le frottement d’un morceau de silex sur une pièce d’acier. Le jeune homme fronça les sourcils et ouvrit les yeux. La stoïque dame ennoblie d’une cotte de mailles avait cessé de prier sans mots pour allumer un feu dans l’amas de brindilles sèches et d’amadou.

« Je pourrais t’aider, si seulement tu desserrais mes liens », soupira le prisonnier. Sa ravisseuse lui jeta un regard perçant, des yeux plus durs que sa masse d’armes. Un coup d’œil qui intimait au silence. Une consigne à défier.

« Avec mon Art que tu crains tant, bien sûr. Une langue de flammes venue des tréfonds des Enfers mêmes ! » Il ricana, de son rire le plus pratiqué, le plus sordide. Le rire d’une sorcière qui cache encore plus d’un atout dans son jeu. Il s’en mérita de perdre l’attention de la chevalière, qui se remit à frotter son briquet. Une scène touchante. Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait eu à se salir les mains pour allumer un feu. Quelle honte que d’avoir à se rabattre sur un outil plutôt que sur sa propre volonté. Des étincelles s’emparèrent de l’amadou, et la dame glissa une bûche sèche dans le trou de feu, pour qu’elle prenne bien. Il n’était pas sans admiration pour la chevalière. Son plan avait été parfaitement exécuté, sa fuite dans le plus noir de la nuit sans obstacle. Il n’avait laissé aucune trace derrière lui. Pourtant, il était bien ici, poignets et pieds liés, capturé par cette vigilante guerrière de l’Ordre de la Providence. Grâce à lui, une des caravanes de ravitaillement allant réapprovisionner les forces de l’Inquisiteur ne se rendrait jamais en Cérule. Un ennemi qui a faim est en un qui peine à tenir son arme, lui disait sa mère autrefois.

« Tu n’es qu’une pierre sur notre route », entendit-il, comme en réponse à ses pensées. Il sortit son regard des flammes pour voir la chevalière prendre une gorgée de sa gourde. Elle s’essuya la bouche de sa main calleuse. Il soutint son regard avec audace, et elle continua :

« Moins qu’une embûche. Un simple cahot du chariot. Bientôt, comme les lieues qui s’étendent derrière un conducteur, tu ne seras qu’un souvenir distant.

– Mais un souvenir quand même », rétorqua-t-il. « Et lorsque la roue de ce supposé chariot se délogera pour aller se ficher dans un fossé, ça aura été de ma faute. Ne m’oubliez pas quand votre conducteur se fera couper la gorge en allant chercher sa roue. »

Elle était déjà à un pas de lui seulement, la main levée, prête à le remettre à sa place. Il lui montra son plus beau sourire, satisfait. Le craquement qui mit fin au silence entre eux deux ne fut cependant pas celui de la main contre son visage. Une branche, quelque part. Elle scruta les bois illuminés par les flammes grandissantes, laissant retomber son bras. Il ne cessa pas de sourire. Il voyait plusieurs choses – l’inquiétude dans les yeux de Sire Grandégide, les ombres s’étirant étrangement vers les flammes, ces dernières grimper, dansantes, plus haut qu’elles ne devraient. Son rictus s’étira alors qu’il vit la chevalière se précipiter sur sa masse d’armes et son grand bouclier. Elle leva celui-ci à temps pour intercepter l’éclat jaillissant de son feu de camp, faisant rougeoyer le métal de l’écu.

« Bienvenue, mes sœurs », cria le prisonnier vers la forêt, « amusez-vous bien! » Les silhouettes qu’il peinait à percevoir il y a une heure se rapprochaient petit à petit, encerclant le campement de fortune. L’une d’elles leva les mains en coupe devant son visage et souffla. Il reconnut l’ingrédient ainsi lancé et l’incantation qui le suivit. Il serait pris dedans. Telle était la magie de ses sœurs, alors autant profiter du voyage. Dès qu’il inspira, les flammes se mirent à jaillir de leur trou, des silhouettes démoniaques y aiguisant des outils de torture. Le crépitement du feu devint le terrible grincement des pierres contre l’acier tordu, le rire des forces occultes. Les arbres semblèrent se pencher sur lui et sur la chevalière pour les prendre et les jeter au loin. Celle-ci se mit à hurler, hurler à en perdre la voix. Elle fendait le vide de sa masse, tandis que des voix susurraient à l’oreille du jeune homme de douces promesses.

« Viens avec nous, Adrien. Danse avec nous, sorcière. Jette-toi dans le bûcher, hérétique. Tu es prêt, plus prêt que jamais. » Enivré par la sordide folie du maléfice, il riait maintenant à gorge déployée. Son rire même lui était étranger, le croassement gras d’un vieux corbeau repu de la chair des victimes de la guerre. Il vit une femme bondir des fourrés, incroyablement grande, maigre, courbée sur elle-même et sur la guerrière apeurée. La masse d’armes percuta son flanc de plein fouet, et une pluie d’ossements ricocha sur le sol, les arbres, les indénombrables anneaux d’acier de l’armure de la chevalière. La sorcière resta debout, impassible, pas plus dérangée que si elle eut été effleurée par la brise. Puis sa longue jambe se sépara de son corps pour pousser Sire Grandégide au sol, son arme jetée au loin par l’éclat de l’armure d’os. Elle tenta faiblement de pousser son adversaire à coups de bouclier. Une lourde main s’abattit sur celui-ci, celle d’un homme sorti de la forêt, les ombres dansant autour de lui et dessinant de vieilles malédictions de la langue profane. La grande sorcière se mit à genoux près de la chevalière et caressa sa joue comme une mère réconfortant son petit. Adrien, couvert de sueur, respirait fort, secoué par la magie concentrée dans le geste. Les cris de Sire Valérie Grandégide prirent fin, sa poitrine soulevée par son souffle désormais lent et mesuré. L’homme entouré d’ombres chercha le regard du prisonnier.

« Il est temps de rentrer. Bon travail, ma sœur. La Morrigan serait fière de toi. »

Il s’affaissa au sol, un sourire béat aux lèvres.

Rapport d'expédition à Fyrstrad

avril 12, 2020 Demonslayer Arc
Photo par Brett Sayles de Pexels

Photo par Brett Sayles de Pexels

Rapport d'expédition à Fyrstrad

Par Vinfried Bjornfal

Mon nom est Vinfried Bjornfal, anciennement éclaireur pour la Quatrième Compagnie des armées de Valgaard. Je dis anciennement car la dernière opération que la compagnie a entreprise lui a coûté la vie, à tout le monde sauf moi. Je ne sais pas si je dois m’en considérer chanceux ou maudit de devoir vivre avec les images et le savoir de ces événements… 

La compagnie avait reçu l’ordre d’inspecter un événement bizarre entourant le village de Fyrstrad, un village bucheron fournissant une partie du bois d’œuvre servant à entretenir les infrastructures de Valgaard. Leurs Majestés avaient mis en garde les officiers de la nature de ce que nous allions affronter, Sa Majesté Einar l’avait qualifié de dangereux, alors que Sa Majesté Olven l’avait décrit comme incompréhensible à ce jour. Ils furent assurés de la volonté de la Quatrième Compagnie de suivre leurs ordres, jamais faillirons-nous à notre serment de protéger Valgaard. 

Le voyage vers Fyrstrad avait été sans embuches, mais c’est l’arrivée près des lieux qui était étrange. Alors que nous nous rapprochions, un épais brouillard se leva. C’était bizarre du fait que Valgaard n’a pas un climat propice au brouillard. Les officiers se sont concertés et ont formé des escouades. Ils ont aussi envoyé les éclaireurs faire le tour du périmètre pour voir jusqu’où le brouillard se rendait et si nous pouvions le contourner. Les réponses revinrent rapidement : Fyrstrad était introuvable et le brouillard semblait l’avoir englouti. 

Un plan fut alors formulé. Nous allions encercler le brouillard et le pénétrer en équipes en même temps pour nous retrouver à Fyrstrad et comprendre ce qui se passe. 

Mon équipe fut assemblée et au signal nous sommes entrés. Les premières minutes de marche ont été longues. Nous restions proches les uns des autres, armes dégainées, incapables de voir à deux mètres en avant de nous. D’étranges bruits et grondements nous entouraient, mais nous étions prêts. 

Puis, nous sommes passés à travers le brouillard. Comme le flot de la pluie battante coulant d’un toit, c’est comme s’il faisait un mur duquel nous sommes sortis, nous trouvant sur le chemin passant à travers les bois nous menant à Fyrstrad, à quelques choses prêts. Les arbres étaient couverts d’une épaisse couche de glace, comme après plusieurs jours de pluie verglaçante. Le brouillard derrière nous semblait monter jusqu’au ciel, couvert de nuages illuminés en permanence par des éclairs et de distants coups de tonnerre. Malgré les nuages, notre environnement était éclairé d’une lueur blanche douce, comme si la pleine lune brillait au-dessus de nous. Nous ne voyions aucune lune, évidemment. 

Malgré les entourages incohérents avec nos attentes, le Sergent a ordonné d’avancer, ce que nous avons fait. 

Notre avancée s’est faite à bonne vitesse. Le sol, quoiqu’enneigé et gelé, était ferme sur la route. Notre vision se perdait quand nous regardions dans les bois cependant. Soit les arbres devenaient trop dense, soit nous ne voyions pas suffisamment loin dans la forêt. Johan, un cuirassé de l’équipe ayant grandi à Fyrstrad, constatait que ça ne faisait pas de sens car les bois n’étaient pas aussi denses ni aussi grands. Le sentier aussi semblait anormalement long. Nous avions un plan, cependant, et n’allions pas en déroger. 

Plus nous avancions, plus le paysage changeait. L’effet étouffant et oppressant de la forêt bordant la route s’intensifiait et à chaque mètre parcouru, il semblait que la glace qui parait les arbres était de plus en plus épaisse, ou du moins, que nous voyions de moins en moins d’arbre à travers la glace, comme si nous marchions dans une forêt de cristal fin. 

Vint notre première rencontre avec… peu importe ce que c’était… 

Nous estimions être près de Fyrstrad quand Johan fut pris d’un frisson, ce qui était surprenant pour plusieurs raisons : le temps était doux, nous étions bien habillés et Johan lui-même était un homme du nord bâti pour le froid, massif et velu. Puis ce fut à Greta, quoi que ses cheveux et sa cape furent emportés dans un coup de vent qu’elle seule a subi. Quand elle nous a regardé, nous avons constaté que son visage avait été lacéré de petites coupures. 

C’est alors que ça s'est abattu sur nous. Une sorte de tornade de grêle acérée. Nous nous protégions du mieux que nous le pouvions, mais les morceaux de glace ne faisaient que devenir de plus en plus gros. Pour tenter de couper le vent et de s’en protéger, nous nous sommes dirigés vers les bois. Nous nous sommes sortis des bourrasques pour un court moment, mais les lames de glace se sont plantées dans les arbres et les unes dans les autres. Surpris, terrifiés, nous sommes restés pantois alors que devant nous une grande figure primitive faite de grossières écailles de glace s’est assemblée.  

Son assaut renouvelé nous a sorti de notre torpeur et un violent combat s’est engagé. Le sergent pris les devants, il ordonna l’assaut d’un geste et d’un ordre et nous nous sommes lancés. Franchement, je ne saurais tout vous expliquer… une bataille est toujours confuse, mais nous étions pris au dépourvu. Notre entraînement ne nous avait pas préparé à affronter une entité de 7 pieds de haut, faite entièrement de glace. Néanmoins, nous sommes parvenus à vaincre la créature. À l’issue du combat, les morceaux de glace joint ensemble par une force inconnue constituant la créature avait fusionné pour devenir un corps de glace. Au bout d’ardus efforts nous en sommes venu à bout. 

Elle aussi était venu à bout de certain d’entre nous. Erik, Gunnar, Mikkel et Karina n’ont pas survécus. « Nous ramasserons leurs dépouilles au retour… les autres nous attendent. » Le sergent ordonna-t-il. Malgré la grogne, il avait raison. Nous étions en situation désespérée. Nous devions nous en sortir avant de vivre notre deuil. 

Le chemin vers Fyrstrad ne fut pas long à partir de ce point. N’empêchait que nous fussions tous de l’avis de Johan, ce n’était plus normal, ce n’était plus Fyrstrad. Lorsque l’éclaircis annonçant le village est arrivé en vue, les arbres n’étaient maintenant que des piliers de glace pliés à angles secs par endroit, comme une forêt après un incendie, mais exclusivement constituée de glace. Au-dessus de nous, le ciel s’est transformé en une version plus violente de ce qu’il était. Les nuages étaient maintenant gris et noirs, illuminés et même traversés d’éclairs. Une odeur de soufre semblait imprégner l’air. 

Enfin à Fyrstrad, nous avons été désemparés de constater que le village n’était plus comme quiconque s’y attendait. Aucune âme qui y vive, les rues étaient vides. Les maisons ont été remplacés par de grandes pierres cubiques et évidées, comme une sculpture d’une maison surgissant de la glace, ou comme si la glace devenait de la pierre là où les fondations touchaient au sol. Ces monolithes étaient disposés en arc de cercle autour de la place centrale du village où des marchands et commerçants auraient vendus leurs biens. Devant nous, les nuages semblaient rouler et tomber, formant un autre mur impassable passé la frontière du village. 

Au centre de la place publique, là où un puit se trouvait auparavant selon Johan, un étang circulaire miroitait. Par mon rôle d’éclaireur, j’ai pris de l’avance, épée en main, je me suis avancé vers l’étang. Malgré le paysage ésotérique et apocalyptique, l’eau était calme et réfléchissante. J’ai regardé autour de moi avant de donner un signe à mon officier comme quoi tout semblait sécuritaire. 

À la surface de l’eau, mon reflet me regardait. Je l’ai regardé en retour, redressant ma posture pour faire mon rapport à mon officier qui s’approchait de moi. C’est à ce moment que mon reflet se mit à briller, une lueur bleu scintillante qui me fit faire plusieurs pas de recul. Un bras humanoïde, comme constitué de flammes bleus, perça la surface de l’eau, s’y appuyant comme si la surface était gelée pour s’en extirper. Une maigre figure apparue, entièrement constituée de flammes bleu, flottant juste au-dessus de la surface de l’étang. 

Le figure et moi nous sommes observés pendant un moment, incertain de quoi faire. J’ai pris des pas de recul pour rejoindre mon unité. Le sergent a ordonné qu’on se mette en formation et la figure semble l’avoir observé, nous avoir observé. 

Elle leva la main et se redressa, bombant le torse. Puis elle fit un geste que nous avons tous reconnu comme un signe voulant dire « à l’assaut ». 

De l’étang et du brouillard surgirent d’autres figures enflammées. Elles avançaient d’un pas chaotique pour progressivement s’organiser et devenir cadencé. Une armée nous entourait. 

Le sergent ordonna la retraite, mais la charge ennemie fut donnée. Je… Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite. J’ai couru. J’ai suivi mon entraînement qui me disait que si mon unité est en danger, alors il est de mon devoir de communiquer la tragédie à nos supérieurs. J’ai couru hors du village consumé par la bataille, le long du chemin de la forêt pétrifiée et à travers l’épais brouillard pour finalement en surgir et m’effondrer, haletant. Quand je me suis retourné, une seule silhouette bleue brillait à travers le brouillard mais s’est arrêtée là avant de disparaître. 

Un homme est venu me voir, je lui ai dit ce qui est arrivé à mon unité, il a véhiculé le message à Leurs Majestés… J’ai attendu deux jours à l’orée de la forêt de Fyrstrad, adossé à une roche. Plus de Sergent, de Greta ou de Johan… Plus de Quatrième Compagnie, je suis tout ce qui en reste. 

Carnet des bêtes et créatures fantastiques des Terres Connues

avril 4, 2020 Demonslayer Arc
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Carnet des bêtes et créatures fantastiques des Terres Connues

Par Shalaevar Xilvyn

Mon nom est Shalaevar Xilvyn, je suis une Silraine native des terres sous la gouverne de Cérule. Dans ma jeunesse, j’ai vécu sous le règne de feu le Duc Artand ven Mangeronces. Depuis que je me suis trouvée en position de voyager, j’ai quitté le nid familiale pour me mettre à la recherche à temps plein. C’est en voyageant que j’ai découvert ma passion; la recherche et le catalogage des bêtes peu connues de notre monde.

Beautés faeriques: Les nymphes

Comme j’en suis venue à l’apprendre, les nymphes sont des créatures revêtant une apparence jeune et presque humaine. Elles sont habituellement plutôt timides, effarouchées mêmes, et ne se laissent pas approcher facilement. En général, on peut les apercevoir quelques heures à la fois, leur nature ne leur permettant pas de vivre sans attache très longtemps sur notre plan. 

Il existe des récits contant l’histoire de nymphes abandonnant la Faerie pour s’établir sur le plan matériel. On raconte qu’elles se lieraient alors à un arbre, qui deviendrait leur point d’ancrage et qu’elles ne pourraient quitter, sous peine de mort. Je n’ai cependant pas reçu de confirmation de cette théorie lors de mes brèves rencontres avec les nymphes.

Polydora du Duché

Dans la région des Marais, je suis tombée pour la toute première fois sur un spécimen féminin de nymphe. Elle semblait aller et venir entre son plan et le nôtre, passant quelques heures à courir entre les arbres, me laissant le loisir de l’observer.

Elle avait des traits majoritairement humanoïdes, outre la flore qui poussait dans ses cheveux et les motifs sur son visage. C’était une créature qui exsudait une joie sans pareille. J’ai suivit ses traces et j’ai noté de très jeunes pousses de fleurs et de plantes qui émergeaient de la terre humide sur son passage.

J’ai fini par la rattraper et me présenter à elle. Elle était légèrement réticente à parler au départ, mais elle s’est bien vite prêtée au jeu. Son nom est Polydora, elle est native du Duché des Pérennes. Elle a bien voulu me laisser faire quelques portraits d’elle pour mon recueil.

J’ai croisé quelques autres spécimens durant mon temps dans les Marais, mais aucun qui se montra aussi ouvert à ma présence. J’ai même cru apercevoir un mâle de bien loin, mais il s’était effacé dans la nature lorsque je le rejoignis.


Symithise du Palais

Pendant mes voyages à Valgaard, j’ai longé les monts blancs à l’est du continent et aie rencontré une nymphe bien timide recueillant de l’eau à même un ruisseau gelé. La glace, autour de ses cheveux, fondait instantanément, comme s’il n’y en avait jamais eu.

 Entrer en contact avec elle s’est montré presque impossible, alors qu’elle prenait la fuite aussitôt que je m’en approchais, se fondant complètement dans la neige immaculée.

J’ai donc élu de garder mes distances et de faire des portraits d’elle au lieu de l’effaroucher davantage. Je me suis assise aux abords du ruisseau gelé et l’ai simplement observée de loin du mieux que j’ai pu. Sa peau était pâle, tachetée de bleu et d’or, une flore beaucoup plus délicate dans ses cheveux.

 Curieuse, comme il est dans la nature d’une nymphe de l’être, elle a fini par s’approcher d’elle-même pour voir ce que je faisais, et a été enchantée par mes portraits, me donnant l’occasion de les parfaire maintenant que je la voyais plus clairement. Symithise était son nom, et elle résidait dans ce qu’elle a appelé le Palais des Splendeurs. 

Je n’ai croisé aucune autre nymphe qui s'y comparerait, mais je ne doute pas qu’il en existe d’autres.


Nyxie de la Mascarade

J’étais dans les forêts sauvages au pied des montagnes de Cérule lorsque je suis tombée sur un groupe de nymphes célébrant dans le crépuscule. Là encore, j’ai cru apercevoir un mâle que j’ai alors promptement perdu de vue. Ces nymphes étaient couvertes de la tête aux pieds de feuilles colorées, portant d’étranges coiffes dans leurs cheveux- j’ai remarqué ici que les coiffes des femelles étaient considérablement plus grandes que celle du mâle que j'ai entrevu.

Ici, je n’ai même pas eu besoin de planifier mon approche; une nymphe que je n’avais pas vue s’est jointe à moi à l’écart de la fête de ses semblables. Taquine et curieuse, c’est elle qui a mené l’entrevue, me posant des questions à moi sur ce que je faisais ici et d’où je venais. Ses cheveux étaient tirés en travers de sa coiffe comme des longues pattes d’araignée et son visage était segmenté, comme celui d’un insecte. J’ai remarqué sur elle les mêmes motifs tachetés que sur les autres types de nymphe que j’ai rencontré.

Elle s’appelait Nyxie, Nyxie de la Mascarade. Elle m’a suggéré, une étincelle dans le regard, de ne pas me joindre à ses frères et soeurs si je voulais conserver toute ma tête, et j’ai suivi son conseil. Je ne voulais que m’installer pour faire mes portraits, de toute façon. Nyxie a posé pour l’occasion de son plein gré.

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